Roll out 09 Tsigaro

Roll out 09 Tsigaro

07/10/2016

Le métier qui rentre

Paysage typique dans le delta.
Début juin.
Au niveau technique je me sens à l'aise rapidement. L'expérience avant l'embauche et la formation locale font que quand on est mis en ligne, c'est parce qu’ils savent bien que la sécurité sera assurée.
Par contre niveau logistique c'est tout un monde que le jeune pilote de brousse que je suis découvre. Et comme on ne peut pas tout voir pendant la formation, je me retrouve rapidement confronté à des situations pour lesquelles les solutions à trouver ne sont pas toujours évidentes.

Feux dans le brousse

Nqogha channel
Ainsi j'ai eu la surprise un jour de voir arriver (en retard) plus de fret que l'avion ne pouvait en contenir.
Sur le papier, en masse, ça passait, mais question volume c'était pas ça. Après avoir joué au Tetris pendant une bonne dizaine de minutes et passé un coup de fil aux opérations, on est déjà bien en retard. Il est temps de partir et je n'ai pas d'autre choix que de laisser quelques cartons derrière moi.

Le soir même je passe la nuit au lodge que je livre et à mon arrivée en cuisine, la tête de la chef me fait comprendre la gravité de mon erreur. Dans les cartons laissés derrière, il y avait une partie du frais nécessaire à la préparation du repas du soir. Elle adaptera finalement un bon repas avec les moyens du bord, mais quand on sait le prix que payent les touristes pour venir dans ces lodges haut de gamme, on comprend le niveau d'exigence attendu. Mais pourquoi n'y-a-t-il pas un stock qui permette d'éviter ce genre de situations?

Après l'atterrissage, un peu de route puis transfert en bateau vers le lodge.

Ma chambre pour la nuit est pour une fois très basique.

Sur le chemin de la piste le matin.
Pas tout le monde peut se vanter d'aller au boulot comme ça!
Le lendemain avant de partir du lodge le manager me demande de changer de passager.
Pour le vol de retour vers Maun, j'ai 5 passagers, le maximum. 3 touristes japonais et 2 membres du staff du lodge. Un des staffs doit être remplacé par un autre. Je doute de la clarté de la situation, mais je sais m'adapter et un passager ou un autre, dans l'avion ça ne fait guère de différence pour moi. Mais une fois arrivé à l'avion c'est la confusion la plus totale, j'ai maintenant 3 membres de staff qui veulent rentrer sur Maun, c'est un de trop.
Bien sûr impossible de communiquer avec la base alors je m'en tiens aux noms listés sur mon planning et décolle. Ce n'est qu'après mon atterrissage que j'apprends que j'ai pris la bonne décision pour le choix des passagers... Mais que la prochaine fois je devrai embarquer le frais au profit du fret sec, quitte à ouvrir les cartons si le contenu n'y est pas affiché.


Un autre jour après une nuit à Kasane, mon planning m'amène à Maun après deux étapes dans le delta.
J'ai un couple au départ à emmener de Kasane vers un camp. En route on fait escale pour prendre un autre couple qui nous accompagne au camp puis que je continue d'emmener à Maun où ils ont une connexion avec un avion de ligne.

Rien d'exceptionnel, si ce n'est qu'1/2h avant le décollage je reçois un coup de fil du bureau : il faut s'attendre à un retard des premiers passagers!
Si ces passagers sont trop en retard, le plan changera et après avoir récupéré mon deuxième groupe je devrais d'abord filer sur Maun pour qu'ils ne ratent pas leur connexion et seulement enfin emmener le premier couple à leur camp. Sauf que pour les malheureux retardataires, ce changement double leur temps de vol, 3h au lieu d'1h30, pas sûr que ça les enchante.
On calcule donc une heure limite de décollage au-delà de laquelle le premier plan ne pourra pas être respecté.
Bien sûr les passagers n'arrivent pas plus tôt que 20mn avant l'heure fatidique. Le temps de passer la sécurité, charger l'avion et démarrer, tout va bien on est dans les clous.

Une zone qui a été brûlée avant d'être inondée.
Mais bien avant de décoller ça se complique. Un avion à l'atterrissage, un autre en approche finale, puis un ou deux autres dans la foulée en approche et nous voilà à poireauter au point d'attente qui n'a jamais aussi bien porté son nom et admirer le défilement ininterrompu de tout ce trafic.
Au final, le décollage a lieu 3 min trop tard. Arrivé à l'altitude de croisière, le vent est favorable, et le GPS m'annonce que je vais gagner 5 min sur le temps de vol prévu initialement. C'est suffisant mais c'est juste. J'expédie autant que je peux les deux escales, mais sur la dernière branche nous avons le vent plutôt de face. Au cours de la montée, je remarque que la vitesse sol diminue très progressivement. Arrivé en croisière ça se confirme, l'atterrissage est estimé 5min trop tard.
Je descends ma croisière d'un niveau où le vent de face est plus faible, la vitesse sol augmente à nouveau et finalement après un total de 2h30 de vol tendues à surveiller la montre, les passagers rejoignent la porte d'embarquement du terminal juste à temps. Le plaisir de la mission accomplie est là!

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